Le Frévo

Le frevo est une danse folklorique typique du carnaval de rue. Elle est très populaire dans la région du Nordeste du Brésil (Nord-Est en français) et tout particulièrement dans l’état du Pernambuco (Pernambouc en français). Cette danse est reconnue au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2007. Et est un symbole de la folie qui règne lors du carnaval à Recife et Olinda.

Vous est-il déjà passé par la tête que le frevo et la capoeira pouvait avoir quelque chose en commun ?

Le frevo est apparu  vers la fin du XIXième, début XXième siècle au Pernambuco.
A cette époque, la pratique de la capoeira était interdite par la loi, vue comme une pratique marginale et violente, elle pouvait être réprimée violemment par les forces de l’ordre. Privés de cette liberté de jouer dans la rue, les capoeiristes devaient trouver un autre moyen de s’exprimer. Etant réputés pour leur malice, ils aimaient se moquer des policiers, ils se mettaient alors à ruser en pratiquant quelques pas pouvant être assimilés à de la danse dès lors qu’ils entendaient les cuivres des fanfares militaires. Petit à petit, ils ont fini par ouvrir la marche aux musiciens lors des défilés du carnaval, très populaire dans la région.  Les habitants de la région disent que l’alchimie présente au Pernamouco a permis grâce à l’imagination des capoeristes notamment  et aux fanfares de donner naissance au frevo. Il est pour les habitants de cet état,  impossible de penser carnaval sans évoquer le frevo.

Le nom même de frevo évoque l’agitation, l’ébullition. C’est autour du début du XXième siècle, dans le journal «Pequeno» qu’est apparu le mot frevo pour la première fois, dérivé du mot «ferver», signifiant bouillant. Le frevo allie agilité, rapidité, passes improvisées, balancements (passos gingados) et accrobaties (malabarismos).  Les capoeiristes ayant été à l’origine des passes de frevo, de nombreux mouvements sont inspirés de la capoeira. Etant un moyen de se moquer des autorités, les danseurs improvisaient tantôt des passes de polka, de maxixe (type de danse inspiré de la polka et du lundu, danse aussi interdite, mal vue dans l’artistocratie de l’époque car trop sensuel). Les rythmes, trouvent eux leur origine dans le dobrado, rythmes inspirés de fanfares de la marine militaire royale européenne venues avec la famille royale de Don Pedro I.

Il est possible de décrire trois types de frevo.
Il y a le frevo de rua, joué par les fanfarres dans la rue, uniquement instrumental, il peut être qualifié de frevo coqueiro (notes aigues jouées par les cuivres), ou de frevo ventania (notes plutôt graves comme le bruit du vent), ou encore de frevo de abafo (destiné à étouffer la musique des autres blocs ou groupes de musique). Mais aussi le frevo canção, joué par l’orchestre de rue mais avec un(e) chanteur/chanteuse. Et enfin le frevo de bloco, joué par un orchestre (instruments à vent, à cordes), chanté par un chœur féminin.

De nos jours, les danseurs de frevo arborent un petit parapluie coloré qu’ils manient avec beaucoup de dextérité sur les rythmes rapides de la musique. L’origine de cet accessoire, très esthétique est  moins gracieuse qu’elle n’y parait. Avant même l’époque de la prohibition de la capoeira, la rencontre lors des rodas de capoeira de bandes rivales pouvait mal tourner. Lorsque l’interdiction la pratique de la capoeira fut éditée, les groupes ennemis utilisaient un gourdin pour se défendre lors des arrestations. Les capoeiristes pouvant être emprisonnés de quelques mois à quelques années pour avoir joué dans la rue. Peu à peu ils se voyaient devoir utiliser un autre moyen de défense plus discret que le gourdin contre la police afin de ne pas se faire repérer. Ils ont opté pour un objet commun, le parapluie. A l’époque les parapluies avaient une longue canne et bout pointu, une bonne arme pour attaquer ou se défendre.  Lors des défilés, les différents groupes ennemis étaient parfois amenés à se croiser, c’est dans le pèle mêle de la foule que le parapluie servait à repousser les uns et les autres. Voire parfois plus en fonction de l’échauffement général de la foule.

Le frevo, tout comme la capoeira à l’époque, était essentiellement pratiqué par les noirs descendants des esclaves d’origine africaine ou les pauvres. Ouvrir la marche était pour beaucoup aussi un moyen de sortir de la marginalité à laquelle le fait d’être noir les cantonnait. Aujourd’hui, le frevo a une identité forte et fait intégralement parti de la culture du Nordeste. Une fièvre de frevo se fait sentir du côté de Recife et Olinda en période de fêtes.

Sources: